"Le service du frère"

Rencontre avec l'équipe des conducteurs d'obsèques

A l’approche de Toussaint, date à laquelle beaucoup de familles ravivent le souvenir de leurs chers disparus à travers les visites de cimetières, nous avons rencontré les personnes qui organisent et animent les obsèques dans les différents relais de notre paroisse.


Le texte ci-dessous résume leurs différents témoignages.


Comment vous êtes-vous formés pour devenir conducteurs d’obsèques ?

Un prêtre ou une personne très impliquée dans le relais nous a proposé de suivre une réunion d’information à propos de la conduite d’obsèques.

En y assistant, nous avons pris conscience du besoin et nous avons décidé d’essayer d’y répondre, dans la mesure du possible.

Nous avons suivi plusieurs réunions de formation au départ avant d'être reconnus conducteurs-trices d'obsèques par le Père Evêque et le prêtre référent de la paroisse.

On ne devient pas conducteur d’obsèques du jour au lendemain : souvent, on commence par assister le conducteur en faisant des lectures. Et puis, un jour, quand on se sent prêt, on se lance… Mais chacun peut continuer à assister par de simples lectures aussi longtemps qu’il le faut.

Chaque année, nous sont proposées de nouvelles formations avec chaque fois des thèmes différents (crémation …) Il y a aussi des réunions en paroisse, avec le prêtre référent, pour échanger, faire le point…

Quelles sont vos motivations pour ce choix de service bénévole ?

Chacun peut comprendre que conduire des obsèques n’est pas une activité qu’on choisit spontanément, comme de faire partie d’une chorale ou d’un club de marche.

Nous nous sommes engagés dans cette voie pour aider les personnes qui font face à un deuil. Durant les rencontres de préparation, nous sommes tout simplement à l’écoute des personnes endeuillées.

Nous nous sommes engagés dans cette voie pour aider, avec une approche humaine, les personnes qui font face à un deuil, un moment particulièrement difficile. Durant les rencontres de préparation, nous sommes tout simplement à leur écoute, avec bienveillance et empathie.

Il est important pour elles de savoir que la dernière étape du parcours ici-bas du défunt est organisée avec soin et selon leurs souhaits. Cela n’efface pas le chagrin, mais cela calme l’angoisse face à l’inconnu de la cérémonie.

« Ma motivation, c’est de porter un témoignage chrétien, de dire ma foi en Jésus Christ mort et ressuscité. J’avoue que, au début, mes voisins ne comprenaient pas pourquoi je m’étais mis à « faire le curé » ! »

Que vous apporte personnellement ce bénévolat ?

Se retrouver face à un public pour prendre la parole dans un lieu chargé de symboles comme l’est une église, c’est un défi pas facile à relever, au début. Mais on le ressent comme l’appel à accomplir un devoir de solidarité, pour apporter un soutien à des personnes dans la douleur. Et puis, avec le temps, on prend de l’assurance. Ce n’est pas qu’on veuille se sentir importants parce qu’on parle à l’assemblée, on le fait pour être utiles.


Sur cette question des bienfaits ressentis, voici des témoignages personnels :


« Depuis que je conduis des célébrations, mon regard a changé face à la mort. Je me suis posé des questions sur cette finitude. Ma Foi s’est enrichie et approfondie. Rencontrer les familles dans la peine permet des rencontres vraies sans faux semblant. »


« Le service du frère » me donne la joie d’accompagner des familles. Leur redire la grande Espérance des chrétiens en apportant un éclairage sur le sens de la mort : celui que nous pleurons est entré dans la Vie Éternelle. Il est « né » au ciel comme disent nos frères orthodoxes. Jésus est venu nous dire que Dieu ne nous juge pas mais nous SAUVE. C’est un Dieu Miséricordieux, un Père qui nous attend."

Quelles sont les étapes d’une préparation d’obsèques ?

Nous allons d’abord rencontrer des membres de la famille. Nous leur apportons un livret qui contient les lectures religieuses à choisir par eux : une épître, un évangile et un psaume. Nous leur faisons aussi des propositions de cantiques et de musiques.

La seconde étape est de revoir les membres de la famille, pour bâtir avec eux le déroulement de la cérémonie. Ils nous donnent leur choix de textes, le résumé de la vie du défunt qui sera lu en introduction. Souvent, la famille ajoute un choix personnel : musique, poésie, une évocation personnalisée du défunt lue par un enfant ou des petits-enfants ou des amis ou collègues.

De retour à la maison, il nous reste encore à mettre au net les détails du déroulement de la cérémonie, c’est à dire l’entrelacement des lectures et des gestes symboliques : la dépose de la croix sur le cercueil, la dépose des lumières par les enfants ou petits-enfants, l’encens, la bénédiction du cercueil, l’invite à un dernier geste…

Lors de la préparation, y a-t-il une étape plus difficile que les autres ?

Le plus délicat, c’est de rédiger la méditation qui suit l’évangile : l’Eglise nous demande de faire des rapprochements entre les thèmes de l’Evangile choisi par la famille et la vie menée par le défunt. Ce n’est pas toujours facile…


« Pour la méditation, après avoir lu les textes choisis par la famille, je prends un temps de prière et je demande à l’Esprit-Saint de me guider. »

« Les deux axes de la vie chrétienne sont Croire et Aimer. Je fais le lien entre le défunt et l’Evangile, autour de l’amour, parce que la personne a aimé et a été aimée, et en lien avec le baptême, parce que le défunt a été baptisé. »

« La difficulté, c’est que la méditation s’adresse à la fois à la famille et à l’assemblée. C’est parfois difficile de trouver le mot juste, car tous ne sont pas affectés de la même façon par ce moment douloureux. »

« L’organisation matérielle est compliquée parfois, lorsqu’on célèbre des obsèques dans une église autre que celle de notre relais : il nous faut trouver des personnes qui peuvent nous aider à gérer ces questions matérielles, notamment la sonorisation, qui est différente dans chaque église. »

Combien de temps vous prennent la préparation et le déroulement des obsèques ?

En comptant le temps des déplacements et des rencontres, la rédaction du déroulé et de la méditation, la cérémonie elle-même et l’accompagnement au cimetière, cela fait environ huit heures réparties sur deux ou trois jours. Des heures bien remplies d’émotions et parfois de doutes, mais constructives sur le plan personnel.

Quelles sont les qualités nécessaires pour faire ce bénévolat ?

Il n’y a pas besoin de qualités particulières, si ce n’est l’état d’esprit « normal » d’un chrétien : empathie, humilité, sincérité.

Les gens nous disent parfois « Oh moi, je n’arriverais jamais à parler en public. » C’est faux, n’importe qui peut parler à une assemblée, du moment qu’il a sous les yeux un texte bien préparé.

Il faut se dire que les personnes présentes ne sont pas là comme à un spectacle, pour juger les qualités ou les défauts de l’animateur. Conducteurs et assistance, nous sommes tous là dans le même but, témoigner de l’empathie à une famille éprouvée. Se dire que nous n’avons pas d’importance personnelle aide à vaincre la timidité.

« Nous sommes des frères et sœurs qui accompagnons d’autres frères et sœurs. »

Et il n’y a pas non plus besoin de qualités particulières pour rédiger la méditation, il suffit de s’appuyer sur des modèles, en restant simples et sincères. Plus notre rédaction est simple, plus elle sera facilement comprise par les auditeurs.

« La disponibilité ! Dès qu’on reçoit l’appel de la paroisse pour une demande de célébration, il faut immédiatement faire un choix, dire oui ou non. Dire non quand on connaît la personne c’est très difficile ; et c’est difficile aussi quand on nous dit que les autres conducteurs sont absents. Et parfois il faut changer d’autres activités programmées, tout laisser tomber pour y aller. »

Quelques compléments

1- On devient conducteur-trice d’obsèques, à l’issue de la formation évoquée plus haut, parce qu’on en reçoit la mission de l’Eglise. C’est l’évêque lui-même qui en signe la lettre. Cette mission est matérialisée par une croix de bois de frêne que l’intéressé-e porte autour du cou pendant la célébration. Cette croix lui est remise lors d’un envoi particulier célébré au cours d’une eucharistie dominicale. C’est donc le rituel de l’Eglise que le conducteur est appelé à mettre en œuvre.


2- Ce rituel, plein de compassion pour la famille en deuil, prend en compte la douleur des proches mais apporte une réponse d’Espérance. Il rappelle que, par le baptême, le défunt a été introduit dans la Vie éternelle du Christ, mort et ressuscité. La démarche est progressive et orientée :

On accueille le défunt et on rappelle les faits marquants de sa vie pour en mettre en valeur le positif, ce qui rejoint Dieu. Puis on écoute la Parole de Dieu à partir de textes choisis par la famille. Le plus souvent, le choix est très judicieux : « ça lui correspond bien », disent les proches. Le rôle de la méditation est de proposer un temps de prière à l’assemblée à partir de la vie du défunt éclairée par la Parole reçue. Il ne nous est pas demandé de faire un sermon, nous, simples laïcs, n’avons reçu ni la formation ni la mission pour cela. Ce temps de méditation est conclu par la prière universelle qui évoque le défunt, la famille en deuil, les personnes souffrantes, âgées, les personnes compatissantes, l’Église…

L’Église qui prend en compte tous les sentiments de douleur et d’Espérance dans la grande prière d’introduction au « Notre Père ».

Vient enfin le temps de l’adieu. Dans l’Espérance de la résurrection, le défunt est confié à la miséricorde du Père par deux gestes signifiants : l’encensement qui honore le corps comme temple de l’Esprit Saint ; la bénédiction qui rappelle le baptême, source de la Vie éternelle.


3- A propos de cette notion d’Espérance, il faut faire preuve d’accueil et de pédagogie auprès des familles, quand parfois elles sont plutôt dans l’attente d’un hommage au défunt.


4- Les célébrations de sépulture sont un lieu d’annonce de l’Évangile, qui peut toucher une large diversité de personnes venues rendre hommage au défunt. Nous y mettons tout notre cœur et recevons une abondance de grâces. Et nous apprécions le soutien spirituel de notre communauté paroissiale.

C’est une occasion de rendre grâce ; la gratitude qui est le fil rouge de notre année pastorale.


La paroisse remercie les conducteur-trices Anne-Marie, André, Annie, Guy, Jean, Jean-Louis, Marie-Paule, Paul, Remi, Simone, pour leurs témoignages et leur engagement et avec eux tous les animateurs qui aident à ce service d’Église. Également, de leur présence discrète, toutes les personnes qui accompagnent ces sépultures, ouvrent et chauffent les églises, s’occupent de la sacristie, sonnent les cloches, préparent l’encens, la sono, les micros… Pour une communauté d’Église fraternelle.

Nous remercions aussi les personnes qui accompagnent les obsèques par leurs chants. Les membres de la chorale paroissiale font de leur mieux pour participer. Des répétitions sont organisées en plus des répétions générales, pour les chants propres aux obsèques.