Témoignage de Catherine et Françoise

Les vitraux de l’église de Flavin datés de 1897 sont signés « Bry et Laissac, Rodez ». Nous avons interrogé deux arrière-petites-filles d’Albert Marius Bry,  qui mènent des recherches sur l’œuvre de leur ancêtre et ses fils, eux-mêmes peintres verrier.


Françoise

Ma mère m’avait parlé de son grand-père qui était peintre- verrier, mais elle ne l’avait pas connu. Je m’intéresse beaucoup à la généalogie, j’ai donc entrepris des recherches plus approfondies sur Internet et aux Archives Départementales. Dans un article d’une édition ancienne du « Journal La Croix », j’ai découvert que le verrier Albert Bry était père de dix enfants (6 filles et 4 garçons). C’est ainsi que je me suis lancée dans la réalisation de l’arbre généalogique de la famille Bry. Cela m’a permis de retrouver des descendants et de prendre contact avec eux. Catherine a été la première personne que j’ai réussie à joindre par courrier.

Catherine : Cette lettre m’a fait énormément plaisir, d’autant plus qu’elle correspondait à une de mes envies de « mettre à l’honneur » tout le travail de mon grand-père Albert Léon Bry. J’ai connu mon grand-père, fils de notre arrière grand-père Albert Marius Bry. Je me souviens vaguement de son atelier sur le Bd de la République à Rodez. Quand il a pris sa retraite en 1966, il est venu habiter chez nous au Monastère et a pu s’adonner à sa passion : la peinture à l’huile.

Il va sans dire que les portes intérieures et la porte d’entrée de notre maison familiale « moderne de 1965 », s’ornent de vitraux « modernes».

Je ne connaissais pratiquement rien de la vie de notre arrière-grand-père (seulement le fait qu’il était peintre-verrier) j’ai été enchantée de faire la connaissance de Françoise, petite cousine au 4ème degré. Notre rencontre a été une évidence et déterminante pour la réalisation de ce qui devenait notre projet.

Françoise : C’est ainsi que nous sommes entrées en contact avec tous nos petits-cousins et une rencontre a été organisée avec échanges de souvenirs, d’informations et de photos. Certains d’entre eux ont même décidé de faire « la route des vitraux », de partir à la découverte des églises que nous avions identifiées, afin de faire des photos et nous aider ainsi à inventorier les œuvres de nos aïeux.

Catherine : Comme nos petits-cousins, avec mon mari « armé » de jumelles et appareil photo (une tête de loup aurait été salutaire bien souvent !), nous avons sillonné une partie de l’Aveyron et fait de très nombreuses découvertes, entre autres, votre belle église. A souligner tout de même, cette difficulté d’accéder aux églises qui sont pour la plupart fermées.

Françoise : J’ai également dépouillé le « Journal de l’Aveyron » numérisé aux Archives Départementales. Sur Internet, j’ai consulté le site de la Bibliothèque Nationale Gallica, où sont numérisés beaucoup de journaux anciens, notamment La Croix. En tapant le mot clé « Bry », j’ai eu accès à de très nombreux articles retraçant l’inauguration de vitraux signés de ce nom ou citant l’intervention de l’atelier Bry. J’ai également consulté « La Semaine Religieuse » en version numérisée.

Actuellement, nous avons pu recenser plus d’une centaine de vitraux en Aveyron (plus de 80 églises répertoriées sur 800 en Aveyron), en Lozère et même dans l’Hérault.

Grâce aux réseaux sociaux, je suis entrée en contact avec un groupe qui travaille sur les vitraux. Des échanges et des informations ont pu ainsi se faire. 

 

Toutes ces recherches, nous ont permis de faire de très belles rencontres, très enrichissantes. Nous avons également été guidées et conseillées par des personnes spécialistes dans l’art du vitrail.

Catherine : De mon côté, dans la maison familiale, j’ai découvert dans les « affaires » restées en l’état de mes grands-parents, de très nombreuses photos qu’il a fallu trier, identifier, recouper mais aussi  et c’est là un véritable trésor : des dessins sur papier, des calques ou cartons à l’échelle ou à taille réelle, premier travail du peintre verrier. La réalisation de ceux-ci peut être attribuée à mon grand-père ou à notre arrière-grand-père (tous les deux Albert Bry) ainsi qu’à Elie et Camille Bry. Malheureusement, dans les archives je n’ai pas trouvé de registres comptables où l’on aurait pu retrouver les commandes des matières premières (verre, plomb, peinture, pigments, etc…). Nous ne pouvons donc pas savoir quels étaient leurs fournisseurs, ni les commanditaires.

C’est grâce à cet imposant travail de recherches  que nous avons entrepris que j’ai pu découvrir petit à petit l’univers impressionnant du travail du verre, l’art du vitrail, le talent artistique de cette famille de peintres-verriers de père en fils qui a œuvré durant  toute la deuxième moitié du 19ème siècle et la 1ère moitié du 20ème.

 

Françoise : Grâce à ce travail de recherches, de mémoire, de plongée dans le passé, nous avons découvert un peu de la vie de nos aïeuls et surtout leur métier de peintres-verriers.  Une grande partie des œuvres de cet atelier est maintenant répertoriée, photographiée, conservée dans notre mémoire portée à notre connaissance afin que le nom de l’atelier Bry et Fils de Rodez ne tombe pas complètement dans l’oubli.