Témoignage de Mr et Mme Blanc

Âgés de 89 et 90 ans, M et Mme Pierre Blanc ont toujours vécu dans la rue où ils habitent actuellement, route du Stade à La Primaube. En partageant leurs souvenirs avec nous, ils nous racontent l’évolution de la ville et du relais paroissial de La Primaube.


Les maisons de nos parents étaient voisines, on est allés ensemble à l’école maternelle de La Primaube ouverte en 1934 dans l’immeuble Thomas, puis à l’école primaire à La Capelle-Saint-Martin. On s’y rendait à pied par un sentier qui s’appelait à l’époque « Le Raccourci », dont la rue Saint-Martin empruntera le tracé. Il fallait se lever de bonne heure car, avant l’école, le catéchisme avait lieu dans l’église, non chauffée l’hiver.


Alice :


Après notre mariage, nous avons aménagé un local existant qui deviendra notre habitation en novembre 1960. Nous avons eu trois fils. Tout en m’occupant de mes enfants, j’ai pu avoir une activité de couture, la confection de gants à la maison, pour une entreprise de Millau.

Suite à la construction de l’église de la Primaube, je suis entrée au Conseil Paroissial : il fallait organiser des animations afin de rembourser le prêt consenti par le diocèse. Pour le déjeuner aux tripous, nous étions une dizaine de dames à préparer les panses récupérées à l’abattoir de Rodez. La cuisson se faisait au four du boulanger. Les tripous étaient consommés au presbytère ou emportés. Leur fabrication a duré une dizaine d’années, ensuite nous avons fait appel à un traiteur.

Nous avions aussi la kermesse en juin et le quine. L’USP a assuré l’organisation du quine pour les deux premières années.

Je participais à l’entretien et au fleurissement de l’église et je viens d’arrêter.


Pierre :

Après avoir été pensionnaire à 9 ans à l’école Saint-Joseph de Ceignac, j’ai terminé mes études au collège du Sacré-Cœur à Rodez et c’est en septembre 1948 que je suis entré dans la vie active. Mon père étant décédé subitement en août 1948, il a fallu apporter à la famille une aide financière. J’étais l’aîné de deux frères et une sœur. C’est l’entreprise Ballot qui m’a accueilli aux Molinières, dans les services administratifs. Cette entreprise a réalisé la construction des barrages en Lévézou.

J’ai quitté l’entreprise en mai 1953, pour répondre à l’appel sous les drapeaux ; classé soutien de famille par l’armée, j’ai été affecté dans la région : les classes à Castres et ensuite dans les services administratifs de l’armée à Albi puis à Toulouse.

Libéré en septembre 1954, j’étais à la recherche d’un emploi. L’entreprise Collet, qui venait de s’installer à La Primaube pour son chantier de moulage de poteaux en béton m’a proposé un poste à différentes fonctions. En mai 1956, j’ai quitté l’entreprise pour répondre au rappel de l’armée, sur le Larzac puis en Algérie.

En novembre 1956, j’ai retrouvé La Primaube et ma famille. De ce séjour en Algérie, je ne garderai pas de bons souvenirs, si ce n’est la camaraderie qui nous liait et qu’on a pu cultiver ensuite grâce à des retrouvailles annuelles dans le Sud-Ouest. J’ai pu accueillir mes camarades à trois reprises dans notre département.

Après l’Algérie, j’ai retrouvé les Etablissements Collet. Mais un ami m’a indiqué que le Crédit Agricole recrutait. Après avoir présenté ma candidature, le 8 septembre 1958, j’ai été embauché au bureau de Rodez, rue Séguret-Saincric au service de la clientèle, que je quitterai en juin 1970 : la direction du Crédit Agricole me proposait la création d’un bureau à La Primaube. Avec un collègue, nous nous sommes installés dans un bureau de location, avenue de Rodez. Ensuite, ce fut le déménagement pour la place du Ségala, que je quitterai en 1987 pour prendre ma retraite.


Chez Nous : Vous avez participé au développement et à l’animation de La Primaube de plusieurs manières.

Pierre :

Tout d’abord, le football, une de mes passions. Supporter de l’OM, avec des amis dont certains pratiquaient le foot à Baraqueville, nous avons décidé de créer un club de foot qui verra le jour en 1959 et prendra le nom d’Union Sportive Primauboise, « USP ». La première saison verra le club accéder à la division supérieure. J’ai assumé les fonctions de secrétaire et président que j’ai quittées en 1979, pour les vingt ans du club.

Les premières années, nous n’avions pas de stade. Nous pouvions jouer grâce à l’amabilité de trois propriétaires qui nous mettaient un terrain à disposition. En guise de vestiaires, on utilisait les voitures. Il a fallu attendre 1967, lorsque M Massol, conseiller municipal, a proposé au maire de l’époque de rétrocéder à la commune une partie du terrain qu’il venait d’acquérir, pour réaliser le stade tant attendu, et qui, avec des aménagements, est devenu le stade actuel.

Afin de recruter un entraîneur diplômé, il fallait améliorer les finances. Lors d’une réunion, nous avons pensé à une soirée dansante ; en 1973, a vu le jour la première soirée dansante qui a pris le nom de Nuit des Croulants et qui est toujours en activité, le deuxième samedi de mars.

Après l’arrêt des fêtes de la Saint-Martin qui étaient organisées par les conscrits, il n’y avait pas de fête votive à La Primaube. Après un appel dans la presse, nous nous retrouvons dans la salle de la cantine et se décide la création des fêtes de la Saint-Jean, nouveau patron de la paroisse. 18 personnes ont accepté de participer au premier conseil d’administration, en juin 1974. J’ai assumé la présidence les trois premières années, ensuite, plusieurs présidents se sont succédé et tout au long des années, les fêtes ont connu beaucoup de succès.

C’était passionnant de participer à toutes ces actions.

J’ai été élu conseiller municipal en 1965. Puis, j’ai été l’adjoint d’André Laur. A partir de son arrivée au poste de maire en 1971, des réalisations nombreuses ont vu le jour : assainissement, lotissements résidentiels, centre commercial et artisanal, construction du centre social… En 1983, pris par mes occupations professionnelles, je n’ai pas souhaité solliciter un nouveau mandat.


Chez Nous : Vous avez pris votre retraite à 55 ans. Cela vous a-t-il permis de continuer dans l’associatif ?


Pierre :

D’anciens joueurs et dirigeants sont venus me demander de reprendre les rênes de l’USP. Après réflexion et avec le soutien de mon épouse, je me suis engagé à nouveau, mais pour cinq ans. Sur la commune, les jeunes étaient en difficulté et j’ai tenté un rapprochement avec nos voisins de Luc. Après plusieurs réunions, s’est décidée la création d’une école de foot communale, saison 1988-1989, prémices à la fusion de l’USP et de l’AS Luc en 1994.

Après la page tournée avec l’USP en 1992, je suis entré au district de football dans la commission « Coupes et championnats », que j’ai quittée en 2012.

Maintenant, j’ai encore plaisir à suivre l’évolution de La Primaube, même si je n’en suis plus l’un des acteurs.