Témoignage des soeurs de Nevers

La gratitude est le fil rouge de l’année pastorale. Nous allons évoquer ce sujet au cours de plusieurs rencontres


Aujourd’hui, nous rencontrons quatre sœurs de Nevers résidant à la maison de retraite Sainte-Anne : sœur Marie-Thérèse (81 ans), sœur Yvette (91 ans), sœur Jeanne (96 ans) et sœur Odile (96 ans). Nous leur demandons quelle place tient le sentiment de gratitude dans leur vie.


Avoir de la gratitude, c’est reconnaître un bienfait reçu de Dieu ou des frères. Je parle plutôt de rendre grâce, de dire merci. Notre formation religieuse, surtout depuis le Concile, nous a entraînées à la relecture quotidienne de nos vies. Nous prenons tous les soirs un temps pour réfléchir à la journée écoulée, pour dire « pardon » ou « merci » à Dieu. Nous avons aussi un cahier personnel sur lequel nous prenons des notes. En feuilletant mon cahier avant cette rencontre, j’ai remarqué que les « merci » à l’Esprit de Charité sont de plus en plus nombreux. Est-ce l’âge qui me fait prendre conscience de ma fragilité et de mon besoin des autres ?

Moi, au contraire, je me rends compte que je demande de plus en plus souvent pardon. Quand je travaillais, j’avais une vie relationnelle intense, maintenant, j’ai du mal à m’habituer à la maison de retraite, en plus je ne connais pas la région.

C’est une grâce de vieillir, je dis merci tous les jours de pouvoir vieillir.

Ma vie de sœur de charité m’a entraînée à la compassion et ici, elle prend une autre dimension, humble et discrète.

J’ai eu le covid, cela m’a rendu dépendante un certain temps. Je dis merci tous les soirs parce que je vais mieux, maintenant, je peux faire ma douche toute seule, je peux m’habiller toute seule.

Depuis toute petite, je rends grâce pour tout ce que je vis. J’étais infirmière, j’ai vécu des choses dures quand je travaillais. Les malades, je les accompagnais jusqu’au bout, parfois jusqu’à la morgue pour les raser, pour qu’ils soient beaux. Je rends grâce d’avoir pu accompagner mes parents dans leur fin de vie.

Nous avons des moments de doute aussi : comme tout le monde, on se demande pourquoi la guerre ? On prie pour que le Seigneur change le cœur de ceux qui gouvernent. Outre la relecture personnelle de nos vies, nous avons aussi des moments de partage, de relecture en commun. Et en commun on s’entraîne à rendre grâce.

Il y a des malheurs, mais aussi des choses positives et cela, on en remercie le Seigneur. Il faut faire confiance au Seigneur puisqu’il a dit « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ». Et nous, on a sainte Bernadette, qui nous dit tant de choses, on la suit. Ici, à Sainte-Anne, on nous emmène à Lourdes tous les deux ans. On peut aussi suivre les émissions sur KTO. C’est une telle joie !

Je rends grâce parce que je suis libre ! en arrivant ici après des accidents, je me suis dit « Je veux continuer à vivre ! » Je rends grâce de pouvoir vivre et lire. Je sais ce qui se passe partout, nous pouvons lire les journaux et magazines : La Croix, La Vie, Le Pèlerin, Panorama, Centre Presse, Eglise en Rouergue …

On rend grâce pour la vie dynamique de l’Eglise en Rouergue, les pastorales, en particulier celle de la santé, les groupes de réflexion sur la paroisse, le fait qu’il y a 200 personnes inscrites à la formation Théophile : c’est encourageant.

La pandémie a été une période très dure, mais on rend grâce pour toute la solidarité qu’elle a fait naître ! Une de nos sœurs est morte et nous n’avons pas pu la faire passer par l’église ! Mais Remi Fremaux s’est dévoué pour l’accompagner au cimetière. A la deuxième sœur qui est décédée, la paroisse a mis en place une vidéo en direct des obsèques. Un grand merci !

On remercie toutes les personnes qui ont manifesté de la solidarité pendant la pandémie, un seul exemple : les cuisiniers étaient présents le soir de Noël. Tout ce vécu de la première pandémie, on y repense en rendant grâce pour la solidarité. Et ça continue : ici tout le monde est gentil avec nous, les familles des résidents et tout le personnel de la Maison Sainte Anne !