Entrevue avec
Vincent

Sacristain à l’église Saint Jean de la Primaube et membre du Souvenir Français

Vincent nous reçoit chez lui, au Monastère, avec son épouse Irène et son fils Louis-Marie, un beau bébé de quatre mois. Il nous raconte ses activités professionnelles et bénévoles au service de ses deux passions : la transmission et le partage.


Chez Nous : Pouvez-vous d’abord nous parler de votre parcours de croyant qui vous a mené à être sacristain.

Vincent :

J’ai quarante-cinq ans. J’habite la maison familiale du Monastère. Depuis mon arrière-grand-père, c’était un lieu d’accueil : café, restaurant, hôtel… Mon père a fermé le café en 2000. Mon fils est la cinquième génération à vivre dans la même maison.

J’ai été enfant de chœur au Monastère, avec le père Blanc. En 2000, je suis parti près de Bordeaux, pour travailler comme éducateur dans un lycée catholique, le lycée de La Sauque, à La Brède, le village natal de Montesquieu. Dans ce lycée, le suivi spirituel est très important. Je m’occupais d’une partie de l’internat qui accueille 350 élèves. J’organisais des activités en histoire, culture, patrimoine, voyages culturels et je donnais des cours de culture religieuse.

Tous les ans, durant 17 ans, avec les Dominicains de Bordeaux, j’emmenais tous les élèves de terminale au pèlerinage du Rosaire, à Lourdes et j’aimais beaucoup ce moment.

Je suis rentré à Rodez en 2014 au moment du décès de mon père. Actuellement, je suis animateur au lycée François d’Estaing, et responsable du foyer. Ma mère est la bibliothécaire diocésaine.

En 2016, j’ai rencontré ma future épouse à Espalion. Nous nous sommes mariés à Ceignac en 2018 et notre bébé est né le 15 novembre 2020.

Nous cherchions une paroisse où nous nous sentirions bien. Un jour, nous sommes allés à la messe à La Primaube. Le père Christophe venait d’arriver. Nous nous sommes liés d’amitié avec lui et d’autres personnes de la paroisse. Mon épouse Irène, d’origine néerlandaise, n’était pas baptisée, elle a fait tout son catéchuménat à La Primaube, avant notre mariage. En mai 2019, Christophe nous a demandé si on voulait entrer dans l’équipe de sacristie. C’était Claude Calmettes qui s’en occupait depuis longtemps, et il commençait à être fatigué. Il nous a formés puis nous avons pris sa suite. Nous sommes très heureux de le faire, parce que c’est un service qui amène beaucoup de grâces.

Chez Nous : quel est le rôle d’un sacristain ?

Vincent :

Le rôle d’un sacristain est de veiller au bon déroulement matériel des cérémonies religieuses.

Nous arrivons au moins une demi-heure avant la messe, pour ouvrir l’église aux fidèles. Nous avons la chance que quelqu’un vienne mettre le chauffage une heure avant. Nous allumons les lumières, nous préparons l’autel, le lectionnaire… Nous vérifions que les équipes liturgiques ont bien prévu un lecteur. Si ce n’est pas le cas, c’est à nous de voir qui peut faire les lectures. Nous trouvons des personnes pour faire la quête. Nous accueillons le prêtre et les enfants de chœur, nous les aidons à s’habiller. Nous sonnons les cloches. J’aide à donner la communion. S’il le faut, j’aide les enfants de chœur pendant la messe. Je veille à ce que la personne qui lit règle bien son micro pour qu’on la comprenne. Si le prêtre ne connaît pas l’église, je lui en explique le fonctionnement. Nos mots d’ordre sont l’accompagnement et le respect du prêtre et la bienveillance envers tous.

Après la cérémonie, nous rangeons tout, nous mettons la quête dans une pochette spéciale en vue du comptage. Quand il y a un baptême, nous installons le cierge pascal, l’eau, etc. Nous restons jusqu’à la fin du baptême pour ranger ensuite.

Depuis la crise sanitaire, il y a un aspect de ce bénévolat qui ne me plaît pas beaucoup mais qui est indispensable : mon rôle est de sonner les cloches au sens propre mais aussi au sens figuré ! Je suis obligé d’intervenir si des personnes ne respectent pas les règles de distanciation ou de port du masque. Par exemple, au moment de la communion, je rappelle les sens de déplacement, je veille à ce que tout le monde porte correctement le masque et que personne ne le retire devant le prêtre.

Autre particularité de notre époque, plus ou moins consciemment, nous pensons aux problèmes de sécurité. Nous nous installons du côté de la sacristie, ce qui permet de voir l’extérieur, par les vitraux et d’avoir une large vision de l’intérieur. Par souci de sécurité, je surveille pour savoir si quelqu’un arrive. Cela peut paraître une précaution inutile dans une région si tranquille, mais, par principe, je reste sur le qui-vive.


Chez Nous : Vous avez aussi des activités au sein de l’association du Souvenir Français…

Vincent :

Oui, depuis 2014, je suis président du Comité de Rodez du Souvenir Français. Le rôle du Souvenir Français est d’entretenir les tombes des soldats morts pour la France qui sont enterrés dans les carrés militaires des cimetières et d’entretenir de Devoir de Mémoire. Notre devise affirme : « A nous le souvenir, à eux l’immortalité ». A Rodez, le carré militaire rassemble plus d’une centaine de tombes de soldats morts dans les hôpitaux temporaires installés en Aveyron où les blessés avaient été évacués, lors de la Première Guerre mondiale. Nous avons également un petit carré militaire de soldats de 39/45 ainsi qu’un autre réservé à des Résistants.

Je suis passionné d’histoire depuis que je suis tout petit. J’ai participé à pas mal de fouilles archéologiques. Je collectionne les objets historiques et plus particulièrement les objets des deux guerres mondiales et de la Résistance. Avec ces objets, je présente des expositions dans les mairies et les médiathèques, je fais des conférences dans les lycées ou les écoles. J’écris aussi des articles dans la presse pour publier des témoignages avant que tout cela ne disparaisse.

Tous les 17 août, jour anniversaire des exécutions de Sainte-Radegonde, j’anime une rando mémoire dans le centre de Rodez : la caserne Burloup qui servait de prison pour les Juifs et les Résistants, notamment ceux qui ont été fusillés à Sainte-Radegonde, la maison de la Gestapo rue Grandet, la plaque Jean Moulin sur le mur de la Préfecture, puisque Jean Moulin a été par deux fois Préfet de l’Aveyron. Son tragique destin me touche et depuis 2020, je suis délégué départemental du Cercle Jean Moulin de l’Aveyron.


Chez Nous : Comment vous procurez-vous les objets historiques que vous collectionnez ?

Vincent :

Je parcours les vide-greniers. Beaucoup de personnes se débarrassent de vieux objets ou de vieux papiers sans état d’âme pour eux. Mais il y a aussi des personnes qui prennent contact avec moi parce qu’ils ont conscience de ce que je fais : ils savent que leurs descendants jetteront ces souvenirs, alors ils préfèrent me les confier parce qu’ils ont de la valeur sentimentale à leurs yeux ; avec moi, ces personnes sont assurées que les objets seront préservés et qu’ils transmettront une mémoire. Les notions de transmission et de partage, le devoir de mémoire sont très importants pour moi. Je les retrouve dans mes deux activités bénévoles : participer à la messe, c’est faire mémoire de la mort et de la Résurrection de Jésus.


Chez Nous : Merci d’avoir partagé vos passions avec nous.

Nous précisons que, le 27 mars à 14 h, vous avez donné une conférence sur votre séjour en Terre Sainte, à l’église de La Primaube, suivi d’un échange avec des questions-réponses.