« Le Seigneur est réellement ressuscité » Lc 24,34
Avril 2025
Après quarante jours de silence, de méditation, place à l’Alléluia pour célébrer ce grand passage et cette grande victoire, la Pâque. Alors, qu’est-ce que la Pâque et à quoi nous invite-t-elle aujourd’hui ?
La Pâque, en effet, est le passage de l’esclavage à la liberté célébré par les Juifs. Venant d’Égypte, où le peuple hébreu était traité comme une chose, réduit à son utilité, mesuré à son efficacité, enfermé dans l’impitoyable répétition des tâches à accomplir : des briques, toutes semblables, pour une société ivre de puissance et de domination, comme la nôtre aujourd’hui. Pâques est aussi le passage de la mort à la vie. Pour nous qui célébrons la Résurrection de Jésus, elle ouvre l’espace à la liberté ; elle est une révolution qui bouleverse la perspective de l’humanité.
De ce fait, elle nous invite à l’espérance. Comme une brèche de lumière, elle ouvre un avenir au cœur des souffrances si vives aujourd’hui. Car l’humanité voit s’étendre avec effroi l’ombre de la mort sur des peuples livrés à la souffrance, à la violence. Comme le printemps annonce les moissons à venir, Pâques appelle à renaître au meilleur de la vie. Pâques est aussi un message pour notre société si prompte à brandir la mort comme seul horizon de la vie humaine. Elle prétend que la mort choisie serait une liberté ultime et indolore, comme si l’être humain devait être évalué comme une chose, seulement en fonction de son coût.
Pâques invite à quitter les rives obscures de la mort pour se tourner vers le soleil de la vie et accueillir ses trésors de courage, de fraternité, de joie. Pâques c’est l’actualisation de notre baptême, de notre vie baptismale. La Résurrection nous donne la certitude que Dieu ne veut pas laisser l’humanité dans la mort. En Jésus-Christ, il a prouvé que l’amour est plus fort que le mal. Et certes, chaque jour doit être Pâques pour nous, mais elle se déploie dans la Semaine Sainte du 12 au 20 avril avec les principales célébrations : du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques.
En cette fête de Pâques, je vous souhaite la joie de partager avec d’autres la foi et l’espérance en la Résurrection, la joie de vous laisser aimer et toucher par le Christ vivant.
Père Éric
Le Carême, espérance dans la miséricorde
Février 2025
Mercredi 05 mars, mercredi des Cendres, sera le début de ce cheminement de 40 jours vers la Pâque où nous réaffirmerons les engagements de notre baptême.
Être chrétien, c'est accepter d'assumer la personne du Christ en nous dans la foi, l'espérance et la charité.
Le carême est un temps privilégié pour les catéchumènes ainsi que pour tous les baptisés qui désirent vivre en enfant de Dieu et marcher ensemble avec le Christ.
De ce fait, trois armes nous sont proposées pour vivre ce combat spirituel : la prière, le jeûne (pénitence) et l'aumône (le partage).
Le carême est un temps pour nous remettre à l'écoute de la parole de Dieu, de laisser faire son travail en nous (Lc 24,27 ; Mt 13,1-23 ; Lc 8,4-15). En nous mettant sur la bonne fréquence, nous pouvons nourrir notre prière et faire grandir notre foi (1 Th 5,17).
Ainsi, la communauté nous propose les jeudis de carême avec partage, adoration, confession et Messe (17h15-18h30) et les conférences de carême organisées par le diocèse les vendredis.
Le carême est aussi un temps d'efforts personnels et communautaires pour tendre vers la liberté, l'espérance que Dieu nous donne : "C'est pour que vous soyez vraiment libres que le Christ vous a libérés" (Ga 5,1).
Notre époque est marquée par la culture du relativisme religieux, plus de place à la pénitence, plus de rapport avec la souffrance, pourtant la parole de Dieu regorge d'invitations à cet effet.
Cet état de fait conduit aux addictions : excès de l'alcool, du tabac, des écrans, des réseaux, du travail, dépendance à la pornographie aux dépens des équilibres de vie, de la présence aux autres.
Il faut apprendre à modérer les comportements à problème selon les forces et les désirs de chacun, tout en sachant que la Parole est unique.
L'on pourrait avoir l'envie de supprimer le temps de carême, la pénitence, le péché, la croix, la confession... Or cela fait partie de notre vie de foi.
La confession est une grâce et une marche dans l'espérance de la résurrection.
Nous constatons de plus en plus que les hérésies d'hier deviennent des vérités de foi chez certains chrétiens et les vérités de foi deviennent inacceptables.
N'oublions pas que notre ennemi commun agit subtilement en soufflant sur la flamme de notre foi, non pas pour l'éteindre immédiatement, mais pour qu'elle éclaire le moins loin possible, pour nous empêcher d'avancer sûrement.
La pénitence est une épreuve de sevrage qui nous apprend notre besoin de Dieu. La confession est un chemin de libération, de guérison, et est recommandée (1 Jn 1,9 ; Jc 5,16 ; Jn 20,23).
La démarche communautaire de conversion trouvera son point culminant dans la journée de pardon à la cathédrale le 29 mars et dans la célébration pénitentielle le 9 avril à 17h à la Primaube, ainsi que les sacrements des malades dans les EHPAD.
Le carême est enfin un temps pour renouveler notre attention envers les plus petits, les malades, les fragiles, les oubliés de la société, mais aussi envers nos proches (époux, épouses, enfants, petits) en leur proposant la foi... C'est aussi un acte de charité qui relève, procure la paix intérieure et le pardon des péchés (1 P 4,8).
Que ce carême conduise chacun de nous à retrouver la source et à nourrir notre espérance en Jésus-Christ mort et ressuscité.
Bon temps de carême sur ce chemin d'espérance…
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse…
Père Éric
Laisse-toi regarder par le Christ pour regarder comme lui.
Mai 2024
Je voudrai vous partager une conviction essentielle pour notre vie chrétienne : le Christ nous regarde et nous fait entrer dans son regard. Par Lui et en Lui, c’est le Père que nous rencontrons.
Le regard que nous sommes appelés à porter sur ceux qui nous entourent, peut s’en trouver changé.
Dans les évangiles, il est fait souvent mention des regards que Jésus porte sur les hommes.
* Des regards que Jésus porte sur les hommes, en particulier ceux qu’il appelle à sa suite. « André amena son frère à Jésus. Jésus le regarda et dit : Tu es Simon, tu t’appelleras Pierre. » (Jean 1/42).
A Nathanaël, Il dit : « Quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » (Jean 1/48-51).
Au jeune homme riche St Marc précise que : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima ». (Marc 10/21).
* L’évangile parle aussi des regards que Jésus porte sur ceux que les autres ne regardent pas, parce qu’ils sont des pécheurs notoires. Nous pensons par exemple à Marie-Madeleine : « Tu vois cette femme... elle a arrosé mes pieds de ses larmes. » (Luc 7/36-50).
Il est fait aussi mention de ceux que les autres ne regardent pas, parce qu’ils ont un statut inférieur comme les enfants à l’époque. (Mth.19/13-15).
C’est encore le publicain Zachée détesté de tous et caché dans son arbre que Jésus regarde : (Lc.19/1-10). Ou la pauvre veuve qui a donné de son nécessaire et dont personne n’a remarqué le geste : (Mc.1/41-44).
Retenons que pour entrer vraiment en relation, il faut savoir regarder. L’amour et le regard ont partie liée. Il faut regarder pour aimer. Mais il faut vraiment aimer pour bien regarder : « on ne voit bien qu’avec le cœur... » Cette vérité n’est pas réservée au petit prince.
Un regard d’amour nous révèle à nous même. Dans le regard d’amour posé sur nous, nous nous découvrons aimable, c’est à dire capable de susciter l’amour dans le cœur d’un autre.
Un tel amour nous renseigne sur nous même, par l’effet que nous produisons dans l’autre : la joie, l’émerveillement qui se sont éveillés à la vue de notre moi profond.
C’est très impressionnant de se découvrir ainsi digne d’être aimé, apte à faire jaillir l’amour dans un cœur. Comment ne pas se sentir valorisé ? Nous prenons soudain conscience de notre propre dignité. Le regard d’amour nous libère. Bien plus, il libère en nous, des sources d’amour insoupçonnées. Nous savons désormais, que nous avons une raison d’être, puisque nous existons pour un autre.
Regarder avec un tel amour, c’est déjà entrer dans le regard de Celui qui n’est qu’amour. En Jésus, Dieu nous regarde et nous aime.
Père Jean-Claude